Une nouvelle écrite par Loic Surcouf


Un extrait de Féérie Polluée.

Loïc a écrit un conte pour adulte, déjanté, décalé, sur "la véritable histoire des animaux du Manège Salé: Férie polluée (ed. du Nitrate).

Préambule de Féérie Polluée:
FÉERIE POLLUÉE

"- Je crois en une coexistence pacifique entre les hommes et les poissons" (Georges Bush Jr., 02/2002)

Préambule

Ceci est l'histoire de la rencontre d'un baleineau en aluminium: le Baluléno, d'une tortue en fer tordu, d'un gros poisson-tonneau, d'une langoustine en rouille d'avant le déluge, d'une aigrette aluminée, et d'un petit banc de sardines à biclou, s'essayant tous à l'existence dans un monde envahi par les ordures ménagées...
Dans la vie de tous les jours, la baleine, la tortue et l'aigrette sont plus ou moins d'accord pour se partager leur nourriture, petits poissons et langoustines pour les uns, crevettes minuscules pour les autres. Quand je dis qu'ils sont plus ou moins d'accord, c'est pour rappeler que les oiseaux mangent des poissons et des bébés tortues, que les baleines mangent les uns et rarement les autres (ou à leur insu seulement) et qu'en tout cas, tous sont capables d'avaler, volontairement ou non les débris des cadavres de toutes ces espèces, y compris ceux de leurs congénères. Leur survie est à ce prix. Cette pratique alimentaire, qui tient à la dispersion dans l'eau de cette nourriture, n'en fait pas des cannibales de cauchemar, ces animaux sont essentiellement omnivores, au contraire des techno-vaches, qui mangent de la farine de vache pour faire du lait au cube.
Ce point de règlement éclairci, connaissez-vous la mer? Vous me direz, oui, tout le monde connaît la mer. Ce n'était pourtant pas le cas de tous aux époques passées et si certains encore ne l'on jamais vue, tous ceux qui sont nés sur son rivage en ont vécu... enfin bref, presque tout le monde l'a vu du bord, mais l'avez-vous vu de près là, en plein dessus? Il faut naviguer pour voir la mer, elle ne s'arrête pas au sable. La mer est pleine d'eau salée et la lune, les courants et les vents lui font former des vagues. L'effet de la lune, en conjonction avec le soleil est si fort, que l'eau peut former des montagnes jusqu'à trois cent mètres au dessus du niveau zéro de la côte, mais on ne les deviendras quand on est sur l'eau, car on glisse progressivement sur tout le relief. Quant à l'horizon, il ne montre que ce qu'il veut bien montrer. La Mer Morte, elle, se trouve à moins quatre cent mètres du niveau de la Méditerranée, mais on ne le remarque pas, car on y accède par une succession de montées et de descentes qui nous font perdre nos repères d'altitude. Tout cela pour dire qu'il y a plus de mystère sous la mer et sous le ciel que n'en peut rêver notre éducation. En ce qui nous concerne tous, ce ne sont pas les kilomètres cubes qui font les océans, mais ce qu'il y a dedans, pour ceux qui sont dessus. Aujourd'hui.
Laissez-moi vous conter ici un mystère qui ne sera fameux que si vous le retenez, car il n'est plus mystérieux pour ceux qui le vivent encore et qui se seraient bien passés de connaître quoi que ce soit de leurs mutations respectives...
Mais attendez voir.

 Féerie Polluée, de loïc Surcouf aux ed. du Nitrate, 123 pages

        Lun. - Novembre 25, 2002  

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